Qui a aboli la peine de mort en France


La peine de mort


La peine de mort a longtemps fait partie du système judiciaire français, mais son abolition en 1981 a marqué un tournant majeur dans l'histoire du pays. Ce changement a été un processus complexe et symbolique, motivé par des convictions profondes sur les droits de l'homme et les principes de justice. Cet article explore en détail les événements et les acteurs qui ont mené à l'abolition de la peine de mort en France.

L’abolition de la peine de mort : un combat politique et social

La question de la peine de mort en France a été au cœur de débats politiques et sociaux pendant des siècles. Alors que l'idée d'abolir la peine capitale commençait à germer au début du 20e siècle, ce n'est qu'après plusieurs décennies de discussions et de pressions internationales que la France a pris la décision historique de l'abolir.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux intellectuels et défenseurs des droits de l'homme, tels qu'Albert Camus et Robert Badinter, se sont opposés fermement à la peine de mort. Camus, dans son essai Réflexions sur la guillotine (1957), a écrit que la peine de mort était « inutile, inhumaine et inefficace ». Il a plaidé pour l'abolition, convaincu que l'État ne devait pas avoir le pouvoir de tuer ses citoyens, quel que soit le crime qu'ils aient commis.

Dans les années 1970, les discussions sur l'abolition se sont intensifiées. Des organisations internationales comme Amnesty International ont fait pression sur la France, demandant l'abolition de la peine de mort, notamment dans le cadre de ses engagements envers la Convention européenne des droits de l'homme. Au niveau national, des personnalités politiques et des avocats, tels que le futur ministre de la Justice Robert Badinter, ont fait de l'abolition un objectif central de leur programme.

Robert Badinter

Robert Badinter : le principal artisan de l’abolition

L’abolition de la peine de mort en France doit beaucoup à Robert Badinter, avocat et homme politique, qui a été l’un des plus fervents défenseurs de cette cause. Nommé ministre de la Justice en mai 1981 par François Mitterrand, Badinter s'est rapidement engagé à mettre fin à la peine de mort, promesse faite pendant la campagne présidentielle de Mitterrand.

Badinter a su faire face à une opposition farouche, en particulier au sein de la droite politique et des forces de l'ordre. Toutefois, il a persévéré, convaincu que la France devait prendre un virage historique en matière de droits de l'homme. C’est lui qui, le 18 septembre 1981, présente le projet de loi d’abolition de la peine de mort devant l'Assemblée nationale.

Dans son discours, Badinter évoque des arguments humanistes et pragmatiques, soulignant que la peine de mort n’a jamais prouvé son efficacité pour dissuader la criminalité. Il met également en avant le risque d’erreur judiciaire, un point crucial à une époque où des erreurs de jugement avaient déjà été commises. Après un débat intense, la loi a été votée le 30 septembre 1981. La France devenait ainsi le 35e pays à abolir la peine de mort.

Le rôle de François Mitterrand dans l’abolition

François Mitterrand, élu président de la République en mai 1981, a joué un rôle déterminant dans l’abolition de la peine de mort en France. Si l'on attribue souvent cette victoire à Robert Badinter, il est essentiel de souligner que Mitterrand a été le moteur politique derrière l'engagement de son gouvernement en faveur de l'abolition.

Mitterrand a inclus l'abolition de la peine de mort parmi ses priorités politiques, le faisant apparaître comme un enjeu majeur de son mandat. En choisissant Badinter comme ministre de la Justice, il lui donnait la possibilité d’agir sur ce dossier sensible et clivant. Mitterrand a également su gérer les tensions politiques qui entouraient cette question, notamment au sein de sa propre majorité, où des voix s’élevaient encore contre l’abolition.

La décision de Mitterrand de soutenir cette réforme a également eu des répercussions sur la scène internationale. En abolissant la peine de mort, la France a donné l'exemple à de nombreux autres pays, affirmant sa position en faveur des droits de l'homme et s’alignant avec des nations européennes comme le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui avaient déjà mis fin à la peine capitale.

Les conséquences de l’abolition de la peine de mort

L'abolition de la peine de mort a profondément modifié le système judiciaire français, tant du point de vue juridique que symbolique. En supprimant la peine capitale, la France a affirmé son engagement en faveur des droits de l'homme et de la dignité humaine. La décision de 1981 a également renforcé l'idée que la réhabilitation d'un criminel doit être possible, et que l'État ne doit pas recourir à la vengeance pour punir les délits les plus graves.

D’un point de vue pratique, l’abolition a conduit à une révision des peines de prison. Les condamnés à la peine de mort ont été transférés dans des prisons où ils purgent des peines de réclusion à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle pendant une période déterminée. De plus, la décision d’abolir la peine de mort a fait la une des journaux du monde entier, et la France a été saluée par des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International.

Depuis 1981, aucun condamné à mort n’a été exécuté, et la France est aujourd'hui un défenseur actif de l'abolition de la peine de mort à l'échelle internationale, dans le cadre de sa politique étrangère et de ses engagements vis-à-vis des droits humains.

Commentaires

  1. Merci d'être passé sur mon blog! Je vous souhaite beaucoup de satisfaction dans votre activité de blogueur. Je viens d'ajouter votre blog dans la bloguerolle du mien, et vous ouvrai donc volontiers. Merci pour vos articles!

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    1. Bonjour,
      C'est moi qui vous remercie pour votre article ;-). Je débute en effet dans le bloging et je ne sais pas si s'est normal que mes articles prennent du temps (plus d'une semaine)... Vous avez une idée du temps qu'il faut vous qui êtes dans le domaine depuis plus longtemps ngtemps ?

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    2. Bonjour à vous! Euh, en général, la publication est immédiate, à moins que vous ne programmiez la publication de votre billet pour une date ultérieure. Quand à leur rédaction, j'y passe environ une heure, après lecture de l'ouvrage chroniqué. Je vous souhaite beaucoup de plaisir à bloguer! Bon week-end à vous!

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    3. Bonjour,
      oui, la publication est instantanée mais ce que je voulais dire s'est l'indexation des articles sur Google. Autrement dis, combien de temps met environ vos articles à apparaitre sur Google ?

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    4. Ah d'accord! Là, j'avoue que je n'ai pas de réponse, ne m'étant guère intéressé à cette question. Désolé!

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    5. Pas de soucis. Par contre, êtes-vous au courant qu'il vous est possible de monétiser votre Blog avec "Google Adsense" ? Car si votre blog génère déjà du trafic, il vous suffit d'activer les annonces de Google sur votre Blog et vous percevez environ 50% de la recette publicitaire (généralement entre 0,10 à 2 euros par clic).

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